Semaine 11, faire le point...
Lundi 18 juillet 2005, 27 saratan 1384. Comment se passe une journée 'normale' ? Le matin, c'est le bruit de l'arrosage du jardin par le tchowkidar qui me réveille, vers cinq heures... Il fait déjà grand jour, et j'en profite pour faire un peu de gymnastique.
Ensuite, je commencer à travailler, car la fraîcheur permet à l'ordinateur d'Amélie de tenir un peu plus longtemps avant de planter...! Mes co-locataires partent au travail les uns après les autres, et c'est l'heure à laquelle je passe quelques coups de fil pour prendre des rendez-vous (à partir de huit heures, tout le monde est au bureau...). En fin de matinée je me rend au café internet, avant le déjeuner que je partage avec l'équipe de MRCA, à leur bureau qui se situe à environ vingt minutes de marche.
L'après-midi, rendez-vous, bibliothèque, etc... Et retour à la maison vers six heures au plus tard, avant la tombée de la nuit, car alors il ne fait plus bon se promener seule...

Le déjeuner est servi !
   Le déjeuner est servi !

Nos menus du soir sont au bon gré de chacun... souvent des pâtes, mais aussi des gratins, des amuses-gueules divers, des salades et autres taboulés.
Mardi 19 juillet 2005, 28 saratan 1384. Le temps passe à toute vitesse, et au rythme local je n'ai pas fait la moitié de ce que je voulais...
Derrière la nonchalance, les situations semblent précaires. Dans les ONGs, les volontaires expatriés se renouvellent à court terme, aucun projet ne peut être suivi du début à la fin par la même personne. Les budgets des bailleurs sont alloués pour un an, deux ans au maximum. Rien ne peut donc se faire dans la durée. On comprend alors le détachement des Afghans. Eux-mêmes cherchent tout simplement à se trouver au bon endroit, au bon moment pour faire bénéficier leurs familles des retombées.

Les provisions pour l'hiver...
   Les provisions pour l'hiver...

Mercredi 20 juillet 2005, 29 saratan 1384. Une fois de plus, je me suis laissée prendre à la dialectique afghane... Ils ne disent jamais non... Ils donnent l'impression d'être d'accord avec vous... pour vous faire plaisir ! Ils fixent rendez-vous, parce qu'ils sentent que vous le voulez, et puis, au jour dit, il y a toujours une bonne excuse (comme on l'a vu plus tôt) pour ne pas l'honorer... Une fois de plus, je me suis retrouvée à l'Université toute ébahie de ma déconfiture... (Au téléphone, ça donne : "Excuse-moi, j'ai tellement de choses à faire, je n'ai pas eu le temps de te prévenir...!") J'avais donc deux heures à perdre avant mon rendez-vous internet avec PL, à l'heure de son lever (que je vous laisse deviner...)
Entre le campus de l'Université et mon café internet favori, il y a la chaîne de montagnes qui guirlande au beau milieu de la ville, festonnée de maisons en escaliers poussées là par la surpopulation. Dans les ruelles taillées à même le rocher, l'électricité court par des fils qui pendent le long de murs en pisé ou en pierre sèche. L'eau n'arrive probablement jusqu'ici que sur le dos des enfants... En plein midi, j'ai emprunté le chemin de la montagne, celui qui passe entre deux sommets pour aller de l'Université au Bagh-e Bala, le 'jardin d'en-haut' d'Abdurrahman ; il me suffisait de le mentionner aux habitants pour que leur regard s'éclaire, comme si j'étais des leurs ! Et chacun de m'offrir alors le thé... que je refusais poliment...

Au détour de la montagne...
   Au détour de la montagne...

Ensuite, après avoir étanché ma soif de quelques jus de fruits rafraîchis d'une échoppe du quartier commerçant au bas de la montagne, j'ai retrouvé les zoulous en tchat, et nous avons ensemble réglé les petits problèmes techniques qui m'empêchaient de mettre ces pages à jour directement. Youpie !
Jeudi 21 juillet 2005, 30 saratan 1384. Il semble que Michel ait trouvé du travail, lui... Consultant pour la réorganisation des services du gouverneur de Gardez... Ça vous rappelle quelque chose, peut-être...? Des enfants intimidés par l'objectif des étrangers qui les surprennent au coin d'une place... Que sont-ils devenus ?

Sur la charette... les enfants d'aujourd'hui
   Sur la charette... les enfants d'aujourd'hui

A la peur de tous les instants que les Afghans ont vécue pendant des décennies, c'est l'inquiétude du lendemain qui a succédé... Une angoisse civilisée contre un instinct primaire... qu'ont-ils vraiment gagné au change ?
Vendredi 22 juillet 2005, 31 saratan 1384. Nous faisons le tour des expositions d'artisanat local... qui proposent à des prix exhorbitants des bibelots ou broderies produites dans les ateliers d'associations de solidarité. Il est parfois difficile de faire la part entre les objets réellement fabriqués sur place et ceux qui ont été trouvés sur des marchés voisins pour attirer l'oeil du chaland. Pour cinquante dollars, Amélie a acquis une jolie maquette de camion... afghan ou pakistanais ?

Breloques et enluminures...
   Breloques et enluminures...

Samedi 23 juillet 2005, 1er assad 1384. Nous avions voulu nous lever tôt (pour un week-end), et nous sommes arrivées devant la National Gallery à midi-et-quart... heure à laquelle c'est fermé pour déjeuner ! C'est donc au Bagh-e Babur (le jardin de l'empereur Babour) que nous avons déambulé à la recherche des grandeurs passées...
C'est là, au milieu de plusieurs hectares de verdure et de fontaines en cours de restauration, que se trouve la tombe de ce descendant de Timour qui fut aussi le fondateur de la dynastie des Grands Moghols indiens au seizième siècle. A sa cour de Delhi, Babour vantait les charmes de Kaboul où il avait grandi et souhaitait reposer. Ses successeurs honorèrent fidèlement cette dernière volonté ...avec classe, il faut bien le dire ...le Taj Mahal, c'est eux aussi !

Au calme depuis des siècles...
   Au calme depuis des siècles...

Dans l'après-midi, j'ai interviewé Kazim, l'un des administrateurs de MRCA, qui m'a raconté comment il est devenu rationaliste après avoir reçu une éducation coranique : le professeur de culture islamique expliquait les tremblements de terre par un frisson de la vache sur la corne de laquelle la terre était posée...
Dimanche 24 juillet 2005, 2 assad 1384. Vérification faite, le train d'Amanullah a vraiment roulé, en 1928, sur une ligne de six kilomètres entre Kaboul et Darulaman... jusqu'à ce que la voie ferrée devienne impraticable. Ce qui se produisit dès les premières pluies... parce qu'on avait omis d'y poser du ballast et des traverses !

En voiture...!
   En voiture...!

Aujourd'hui, j'ai interviewé Moudjib, un des étudiants du département de Français, qui me servira d'interprète très prochainement.
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